Dès la fin 1956 il a son propre show et les choses sont considérablement différentes. Il joue à Dallas et les flics sont inquiets qu'ils élèvent une barrière de trois mètres autour de la scène. Le gosse "Lelvis", fait son entrée sur le terrain dans une limousine décapotable flambant neuve, il agite une main amicale. Le public, qui atteint 26 000 personnes, est subjugué avant qu'il ait ouvert la bouche-la formule est adoptée. Il chante "Heartbreak Hotel" quand les lumières les plus fortes sont baissées. Il plie la jambe gauche, se tient sur la droite, et écarte les bras, suppliant, comme un homme crucifié. " Depuis que mon môme m'a quitté/ J'ai trouvé un nouvel endroit où habiter/ C'est au bout de la rue des solitaires/ A l'Hôtel des Coeurs Brisés." Sa voix est désolée, furieuse, solide, ponctuée par une guitare si sauvage qu'on dirait un coup de tête. Puis il fait pivoter ses hanches, le micro serré entre les cuisses, la tête baissée, les yeux clos, prend une pose torturée, gémit, grogne presque, d'une manière monosyllabique et hachée. " Et je suis si seul, baby/je suis si seul/et je suis si seul/ que je pourrais en mourir".